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elle avait été élevée par ses tantes, et ensuite s’était mariée selon son cœur. Aux questions que Sabine lui posait, madame de Rozée répondait : « Ne parlons pas de moi, voulez-vous ? », avec une simplicité qui témoignait d’une sincère habitude de ne pas s’entretenir de soi et de ne jamais se plaindre.

Madame de Fontenay commençait à se sentir heureuse à la manière qui, peut-être, lui était la plus chère. Des heures régulières la ramenaient chez son père, qu’elle trouvait occupé à lire avec sa femme, déférente et studieuse. Quelquefois elle surprenait, entre eux, ces regards de bonté infinie, où un être accepte tout l’autre être.

L’estime que Sabine éprouvait pour la jeune femme s’accroissait de la connaissance qu’elle faisait chaque jour davantage de cette âme qui était bien des pays d’Allemagne, où les légendes blanches, comme les belles cigognes, habitent le foyer des hommes…

Toutes deux se plaisaient ; elles s’asseyaient l’une près de l’autre, sur le banc du jardin, autour de la table de bois, peinte en vert ; l’une brodait, l’autre lisait ; elles s’arrêtaient quelquefois