Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/198

Cette page n’a pas encore été corrigée

cheveux mêlés, avec ses doigts, devant la glace. La coquetterie, qu’elle avait toujours en présence de l’attention et de l’examen féminins qu’elle redoutait, devait se résigner à cette seule toilette, puisqu’il était tard, et à l’ennui de sa robe toute plissée par la nuit de voyage.

Madame de Rozée lui disait en la taquinant :

— Vous êtes très bien ainsi, ne vous tourmentez pas, venez.

On voyait bien qu’elle-même, sortie de son cabinet de toilette où elle mettait le temps qui convenait à sa coiffure et à un exact ajustement, n’y pensait plus jamais.

— Vous n’êtes pas coquette ? demanda Sabine, en regardant tout au long la jeune femme, droite et bien habillée.

— Non, – fit madame de Rozée en riant, et amusée, comme si la coquetterie était un gentil défaut qu’ont les jeunes filles et qu’il est drôle de prolonger après vingt ans.

La petite salle à manger plut à Sabine. Elle était en bois frais encore et sentait la résine. Cette pièce donnait sur le coin touffu du jardin. Les branches d’un pin venaient si près de la fenêtre qu’on pouvait voir, tout contre la vitre, sur