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qui montait un peu vers la maison ; sa jupe de linon rose, alourdie de dentelles au bas, traînait les cailloux. Elle remarqua quel mystère de mousse, de terre noire, de parfums humides et de petits champignons vivait sous les branches pendantes des sapins foncés.

Dans l’air chaud du milieu de l’allée, le silence semblait filer du soleil et du miel, aidé par le vol des insectes énervés qui faisaient un imperceptible bruit de rouet. Les hautes tiges des fleurs dans le gazon inculte, l’assiette verte du pissenlit, la fléole pointue luisaient recouvertes d’une fine sueur.

Madame de Fontenay monta les marches de pierre du perron qu’un arceau de vigne abritait, et elle vit en face d’elle, au bout d’un petit couloir, dans le salon dont la porte était ouverte, une femme qui se levait vite, laissait tomber une broderie et des ciseaux, et s’avançait vers elle.

Cette personne jeune, qui paraissait austère avec ses cheveux relevés, ses yeux au regard droit et sa taille inflexible, ne lui plut, ni ne lui déplut.

Elles se dirent bonjour courtoisement, et Sabine,