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Elle descendit du train à Genève, un matin du commencement d’août. L’air avait une densité bleue. Les vagues molles du lac soulevaient et portaient des cygnes immobiles tout autour de l’île de Jean-Jacques.

Du soleil grésillait sur les murs blancs, les trottoirs, les hauts monuments de la ville.

Madame de Fontenay prit une voiture qui devait la mener à Ferney, où son père et madame de Rozée avaient loué une petite maison dans un jardin.

Elle fit un trajet charmant entre l’eau, la plaine fleurie et les vignes ; mais elle n’en jouissait pas complètement, étant préoccupée de la manière dont elle voulait se comporter avec madame de Rozée, qu’elle imaginait, d’après ce qu’on lui en avait dit, aiguë, rose et d’un blond vif, avec une taille étroite et des mouvements d’acier.

Ayant traversé la petite ville de Ferney, sonore du bruit de sa fontaine et du cri des enfants qui sortaient de l’école, madame de Fontenay descendit de voiture devant une porte rustique ombragée de sapins. Elle poussa la barrière de bois et entra dans une allée de graviers