Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/190

Cette page n’a pas encore été corrigée

il travaillerait, car il avait perdu son temps toute l’année, affirmait-il, Sabine se dit :

— Il n’est pas bon pour moi, mais il se souviendra de tout au moment de l’adieu, où passe toujours un peu la pensée de la mort.

Ce jour-là vint. Pierre, occupé de sa malle, de son train, de regarder sa montre, ne voyait plus ses amis, venus pour lui à la gare. Sabine restait à l’écart, prévoyant le moment de gêne et d’effusion où, lui serrant les deux mains, Pierre Valence, soudain ému, les yeux pleins de souvenirs, échangerait avec elle sa vie profonde ; et alors l’intimité se referait par lettres.

Les portières des wagons commençaient de se refermer, et Jérôme criait à Pierre :

— Dépêchez-vous, montez !

Alors, oubliant sa hâte et que le train pouvait partir, une ombre lourde d’amitié et la vive angoisse de l’arrachement couvrirent le visage de Pierre qui, prenant Henri dans ses bras, le pressa fortement contre lui ; il serra la main de Jérôme, garda longuement celle de Marie, et puis, cherchant Sabine qui était derrière les autres, il lui dit :

— Au revoir, madame.