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Madame de Fontenay, qui ne voulait pas perdre le peu qu’elle avait dans la vie, la grande amitié de Pierre, employait à la retenir des regards plus soigneux que des mains maternelles : retenir ! ne pas perdre ce qu’on avait ! ne pas laisser le temps passer, garder l’amour ou l’amitié, comme, étant petite, elle avait essayé de garder, de prolonger, le soir de Noël, divin et court… C’était sa faute ; si elle n’avait pas, le dernier mois, avec ses mauvais nerfs, attristé et déconcerté Pierre Valence, il serait encore le camarade au cœur profond, au rire fraternel ; il serait encore le confident curieux et discret qui l’avait irritée, l’ami égal, de toute heure et de l’avenir, à qui elle avait dans son cœur reproché cette douceur.

À présent, elle ne le comprenait plus ; et lui n’avait plus le maniement de son âme à elle. Sans se quitter, sans cesser de causer ensemble, ils s’étaient oubliés, et maladroitement ils essayaient de recommencer à se connaître ; mais la tristesse de Sabine et sa fausse mine de gaieté, le désenchantement de Pierre, qui tournait en négligence, précipitaient la rupture.

La peine sentimentale, chez madame de Fontenay,