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pots, des écrans de cheminée en faille raide, d’un vert de cresson, tous les objets qui gardaient l’âme de madame de la Sablière, de Lucile de Chateaubriand et de la reine Hortense.

Ne ferait-elle pas mieux de laisser les autres sortir le soir, et de rester chez elle à s’organiser une vie paisible et rêveuse ?

Mais elle se préoccupait de Pierre. Par moments, elle ne reconnaissait pas le visage de son ami. Maintenant, pour lui parler elle n’osait plus, familièrement comme autrefois, poser la main sur son bras.

Les irritations sourdes de madame de Fontenay, ses nervosités, avaient surpris, peiné Pierre Valence. Voyant que l’insécurité flottait autour d’elle, il avait eu obscurément peur des tragédies somptueuses pour lesquelles son cœur n’était plus accordé.

Et puis il se trouvait lésé dans la chance qu’il avait eue avec elle. Il était moins heureux, il ne l’était plus. Il s’était senti tout d’un coup embarrassé d’une intimité douce qu’il désirait prolonger malgré elle, qui semblait n’y plus goûter. Alors son âme, mal à l’aise, se protégeait à son insu.