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Pierre la grondait ; amicalement soucieux d’elle, il la croyait malade, il lui expliquait que plus tard elle verrait que la vie et l’aventure emploieraient ses forces sourdes.

Elle dédaignait cette attitude de confident et de conseiller. C’était donc de cette manière qu’il l’aimait ! Pourquoi ne l’aimait-il pas pour ce qu’elle avait en elle de vraiment mystérieux, pour ses yeux à plusieurs couches de regards, pour ses cheveux tièdes comme les veines, ses cheveux noirs et âcres, qui avaient l’odeur du bois sec et de la fumée ; pour son âme enfin, au fond de laquelle, sous les ondes emmêlées, roulait l’enfantin caillou blanc du désir ?…

Pierre Valence s’entretenait avec Henri de ce qu’on pourrait faire pour amuser Sabine, si bien qu’elle, ayant senti leur coalition affectueuse, avait repoussé, un soir, d’un rire méchant qui était aigu et insolent comme un coup de coude, leur projet de l’emmener à la campagne.

Marie reprochait à sa belle-sœur ses vivacités.

— Tu n’es pas bien pour les pauvres qui t’aiment, lui disait-elle en l’embrassant.

— Pas bien ? ripostait madame de Fontenay. Et