Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/178

Cette page n’a pas encore été corrigée

avait le plus vite senti, qu’elle n’était pas aimée comme elle l’eût voulu, pour l’unique forme d’elle-même, pour ces détails de l’âme et du regard que l’amour invente, et emploie à se blesser.

Mais madame de Fontenay, dans son cœur, ne se plaignait pas. Elle sentait l’amitié de Pierre pleine de sources intarissables. Cela suffisait. Autrefois, elle avait été exigeante ; depuis la connaissance qu’elle avait faite de Jérôme Hérelle, elle savait qu’on ne possède pas le présent, que rien n’est sûr, et elle tenait à tout comme aux êtres qui vont mourir.

Mais le retour du printemps l’agaçait.

Elle disait à Pierre Valence avec mauvaise humeur :

— Comment empêcher le printemps ?

— Nous ne le verrons pas si vous voulez, répondait-il. Venez avec moi à la Bibliothèque Nationale, où je travaille. Vous vous promènerez aux Manuscrits et aux Gravures… Les demeures de la science ont un air plus vivifiant que celui des forêts. C’est vraiment dans ces salles qu’il faudrait aller à la campagne : le silence et la profondeur dans le temps en font