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croisait sur les genoux de Sabine le manteau de fourrure qu’elle avait.

Il s’émouvait de la voir dans cette voiture à sa garde. Il mit sa main sur la main de la jeune femme, et d’une voix tendre, il lui dit :

— Mon amie !

Elle, qui ne pouvait pas savoir que Pierre était heureux, content, touché et plein de douceur dans son âme, avait fermé les yeux pour mieux goûter le moment où cette voix, qu’elle connaissait bien, se troublerait, dévierait, entrerait dans le magnifique inconnu.

Pierre répétait tendrement :

— Mon amie ! et veillait au vent de la fenêtre mal close.

De moment en moment, à la lueur des réverbères, madame de Fontenay, qui avait rouvert les yeux et se taisait, voyait le visage de Pierre Valence ; et de retour chez elle, réfléchissant, elle s’étonnait de ne pas lui avoir trouvé ce regard de rôdeur trouble, cet air de vague assassin, vers l’amour, qu’elle supposait aux hommes, à l’instant des prompts désirs.

Donc, elle le sentait : Pierre était content, il était heureux…