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parlaient, s’interrompaient. On ne savait pas de qui venait la direction de la conversation, l’impulsion et l’élan, tant ils avaient de force tous les deux.

Pierre ramenait volontiers les questions universelles sur les points sensibles du désir et de l’amour.

Il était respectueux avec Sabine. Les seules tentatives de curiosité qu’il eût faites auprès d’elle, les seules audaces intentionnées de son esprit, étaient, par moments, des interrogations un peu vives et nettes, malgré les détours, sur les goûts, la vie, l’avenir de la jeune femme.

Mais ces choses, énoncées à voix haute et simplement, semblaient d’un confesseur ou d’un médecin, et madame de Fontenay n’en avait ressenti, après la première surprise, que peu de gêne, de trouble et de plaisir.

Il lui dit un jour, à propos d’un bouquet de roses qu’elle respirait passionnément :

— Vous ne savez pas encore, madame, quelle force de vivre est en vous. Elle se répand sur vous, se trahit dans tous vos gestes.

Et, chaque fois qu’il parlait ainsi, il semblait intéressé,