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Avec de tels sentiments, elle se plaignait de ce que la revue socialiste, à laquelle Pierre Valence se consacrait, fût si emplie de questions économiques, de chiffres et de statistiques dont la nécessité évidente ne la consolait pas tout à fait. Elle aimait le don de soi-même.

Marie entrait difficilement dans les vues de sa belle-sœur. Sa compréhension, nette et morcelée, la privait des aspects d’ensemble qui permettent la certitude et la possession. Elle ne se prononçait pas, pensant bien que les autres devaient avoir raison ; mais, comme elle ne l’éprouvait point, sa conscience lui interdisait de se reposer sur leurs affirmations.

Jérôme causait généralement avec Henri, qu’il écoutait plus que les autres, et le jeune homme, défiant des doctrines nouvelles, se rassurait d’entendre ces discours adroits inoffensifs et confus, et de n’y pas voir clair.

D’ailleurs il ne s’occupait pas volontiers de ces questions, qui irritaient le goût qu’il avait de confondre les vieilles lois avec la distinction des manières. Il s’était remis au travail et se plaisait dans l’atmosphère délicate et noble de l’harmonie. Sa femme se réjouissait de le sentir