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de la jeune femme à ses idées et de chaque moment du temps où elle lui souriait avec bonté, pour s’en faire un instant de joie complète.

L’hiver passait ainsi.

Jérôme n’existait plus pour Sabine ; elle gardait seulement dans le cœur la place de l’avoir aimé ; et ce vide empêchait l’équilibre et la solidité de son caractère.

Mon Dieu ! celui-là, comme elle avait dû l’aimer, pour que maintenant, quand elle le regardait, elle éprouvât encore du plaisir à se dire : « Je le vois et cela ne me fait plus mal, je l’entends et cela ne me tue pas. »

Il restait pour elle la chose retorse et sournoise dont elle ne se rassasiait pas de ne plus souffrir.

Pierre la distrayait. Il lui manqua beaucoup pendant une semaine qu’il passa à Anzin au cœur d’une grève. Elle se consolait de son absence en étant orgueilleuse de lui. Elle voyait dans les journaux son nom mêlé à la controverse, et pensait à lui avec les mains froides de la discussion et de la bataille.

Madame de Fontenay aimait les choses de la foule