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ne s’habituait pas à le regarder indifféremment.

Un soir, dans un lieu à musique de cirque, tandis que sur la scène brillaient en maillot de soie et d’acier des héros lutteurs et jongleurs, Sabine s’aperçut que Pierre Valence observait obstinément une femme trop parée, penchée au rebord d’une loge. Elle était belle avec des yeux sombres et tourmentés, et des joues peintes du ton des roses de Bengale.

Pierre était assis entre Sabine et Marie ; quoique distrait par la personne qui l’intéressait, il s’occupait des deux jeunes femmes avec une amitié protectrice et fine.

Et madame de Fontenay, sans jalousie vive, pensait :

« Il nous aime Marie et moi doucement, si doucement qu’il ne peut pas choisir entre nous deux… Alors, puisqu’il est un passionné, il s’en ira vers une de ces femmes qui sont chargées de couleurs et de fleurs comme une saison ; l’amour étant plus fort que toute amitié, nous perdrons notre ami, je perdrai l’ami assidu qui égayait un peu ma vie. »

Cette inquiétude persista dans son être inconscient ;