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les hommes, pussent être encore des amants sensibles et désespérés.

Vers la fin du mois de janvier, Jérôme et Marie revinrent du voyage qu’ils avaient fait dans l’Italie glaciale, harcelés par un vent dur en poussière de verre. On se réjouit de leur retour.

Maintenant, les jeunes époux avaient l’air de gens habitués. Leurs paroles, leurs actes se complétaient. Ils ne faisaient presque plus attention l’un à l’autre, étant eux-mêmes l’un et l’autre. On sentait leurs deux vies proches et rythmées, comme pouvaient l’être, la nuit, leur sommeil et leur respiration jumelle.

Ils se ressemblaient, ayant pris des manières pareilles de rire en hochant la tête, de simuler l’étonnement.

Jérôme, heureux et posé, logeait dans le mariage comme dans un mobilier traditionnel et vénérable.

— C’est drôle, – pensait Sabine, en regardant du fond de ses souvenirs ce visage satisfait, un peu guindé, – moi qui aimais en lui le rêveur secret, le héros faible et passionné, l’amant de la lune et des jardins, douloureux comme