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— Eh bien ! si vous voulez que les criminels se promènent, vous verrez l’agrément que ce sera !

Mais Pierre ne tenait pas à la vie des criminels, des fous, des pauvres sanguinaires. Il pensait que les supprimer, c’était aussi les débarrasser eux-mêmes de leur oppression, les délivrer de la loi affreuse de leur esprit. Quand le relèvement n’était plus possible, la mort valait mieux peut-être que le bagne éternel ; seulement, il imaginait une mort que l’on rendrait simple et pitoyable, qui épargnerait tout le frisson aux malheureux.

Sabine s’inquiétait, elle ne voulait pas, elle, qu’on touchât à la vie ; mais quand Pierre, en causant, faisait des projets de réforme mentale par l’éducation, par l’hygiène, elle écoutait avec des yeux qui approuvaient d’une manière têtue, disant que c’était l’évidence.

Lui et elle se fâchaient quelquefois pour d’autres questions sentimentales. Un soir qu’il soutenait que, désormais, en amour, il ne serait plus jaloux, sachant ce que vaut le cœur des femmes, Sabine s’indigna. Il fallait à madame de Fontenay cette certitude que les hommes, tous