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ce qui explique la vie, la pensée, l’homme faible et voué à son destin misérable.

Elle aimait la vie, tous les signes de la vie.

Sur des visages d’ouvriers peints de plâtre, elle avait surpris les plus douces lignes de la résignation et de l’harmonie intérieure. Et ce spectacle lui ouvrait le cœur.

Elle connaissait l’objection d’Henri à ses théories d’humanité :

— Tu vis pourtant confortablement, lui disait son mari, tu ne donnes pas ton salon et ton collier.

Mais Sabine sentait que cela ne voulait rien dire ; elle savait que la simple fortune qu’elle avait n’était pas hostile, que ses habitudes étaient intelligentes et douces, que de porter ses cinquante perles à la rue n’eût servi de rien, et que c’était dans la clarté de l’esprit, dans la grande ardeur du cœur, dans le consentement et l’adhésion que résidaient le don essentiel, la force qui imprégnait l’air présent.

D’ailleurs ses goûts avaient changé ; elle n’allait plus dans le monde, s’était retirée du luxe cruel de l’amour, vivait à lire et regarder la nature.