— Comme c’est beau tous ces petits pays en sucre dur, disait Sabine, qui montrait ce jour-là les collines basses et le Mont-Valérien dans la neige. La neige a de nobles manières, ajouta-t-elle ; remarquez-vous que les moindres choses, les choses pauvres et laides deviennent précieuses avec elle ; par exemple les tuiles et les ardoises, la cour silencieuse d’une maison, ou bien ici, sur la route, cette brouette du balayeur avec un balai en travers. Cela fait de petits morceaux de tableaux charmants. Je vois l’hiver comme les vignettes d’un livre allemand : des toits de maisons d’Alsace, avec un nid de cigognes.
Il s’amusait de ce qu’elle inventait.
— Et comment voyez-vous l’été ? lui demanda-t-il.
Elle réfléchit. Elle dit :
— Je le vois terrible, dans les provinces persanes, enfoui sous des feuillages d’un vert noir où fuse l’haleine des serpents… et puis de l’eau qu’on entend, qu’on ne voit pas, un bruit d’eau de luxe qui retombe par petites gouttes sur du marbre, et qui rend fou, car on meurt de soif et du désir de tout, dans mon été…