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la sincérité. Pierre s’étonnait qu’elle parlât si sûrement de tout, des passions, des désirs, de toutes les subtilités de l’être. Il le lui disait. Elle répondait, grave, regardant en arrière dans son âme :

— Oui… peut-être est-ce bien que le passé ait été ce qu’il a été, et maintenant toutes mes veines ont de l’intelligence…

Il la plaisantait en souriant sur les mots qu’elle employait volontiers.

— Vous aimez beaucoup le mot « cœur » ?

— Oh oui ! avouait-elle, n’est-ce pas, c’est le mot charnel et sensible, le mot rond dans lequel il y a le sang ?

Et les mouvements de ses mains modelaient ses phrases.

Pierre n’était pas curieux ; il ne cherchait pas à savoir ce qu’elle pensait dans le moment, il ne lui parlait jamais du passé, il l’avait du fond de son cœur oublié.

Quelquefois, à l’heure où Sabine rentrait de sa promenade ou de ses courses, elle se croisait dehors avec lui qui arrivait chez elle. Ils faisaient quelques pas ensemble, et regardaient les paysages.