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Et le ténor continuait d’exhaler sa plainte vers la Vierge Marie.

— Ceux qui ont soif, et le délire, doivent appeler l’eau comme cela dans le désert… pensait Sabine.

Elle s’était avancée un peu et voyait mieux maintenant le jeune époux à qui le pieux triomphe donnait une gravité touchante, un désarroi contenu, mêlé de reconnaissance, de modestie et d’orgueil. La lumière des bougies sur sa figure et ses mains le faisait irréel, illuminé comme Noël et Pâques… Le cœur de madame de Fontenay mourait d’émotion. Elle eut tout d’un coup le plus fort attendrissement de sa vie, une envie infinie de caresser de ses deux mains toute la tête pâle, de dire à ce garçon : « Mon amour, mon enfant, venez ; vivez dans mes bras, dans mes cheveux, dans mes larmes… »

Cette journée fut mauvaise pour Sabine, et, le soir encore, elle se représenta longuement le départ des jeunes gens pour l’Italie, le voyage dans le wagon sombre, bousculé par la vitesse et par les rails.

Et puis, au bout d’une semaine, ayant épuisé les