Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée

le soir de ses larmes, le silence affectueux où ils étaient entrés ensuite et désormais, d’un commun et muet accord, à l’égard de ce sujet, fatiguaient en elle la reconnaissance et le souvenir.

Elle avait maintenant une très vive certitude du caractère de Pierre. Elle sentait qu’il recherchait le contentement aussi nécessairement que l’air, et qu’il était mal à l’aise dans la longue pitié. Alors, elle s’était appliquée, en manière de remerciement, à simuler l’indifférence, la gaieté retrouvée après l’accidentelle tristesse, et elle avait vu que cet effort réussissait, que Pierre avait oublié le passé ; et tout cela l’exténuait.

M. de Fontenay, que le prochain mariage de sa sœur satisfaisait, avait du fond de son cœur sincère, et pour plusieurs mois, l’attitude de quelqu’un à qui il arrive un heureux événement de famille. Il s’amusait de Marie et de Jérôme, fiancés maintenant, les taquinait, les poursuivait, les isolait, leur faisait des plaisanteries que Sabine écoutait, avec, jeté vers son mari, un sourd regard de colère où jouaient les secrètes vengeances du souvenir.