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— Tu vois, – ne put s’empêcher de dire Sabine, toujours obsédée, – tu vois, toi qui croyais autrefois qu’il était amoureux de moi…

— C’est vrai, répondit Marie simplement, je l’ai cru d’abord et puis j’ai vu que je me trompais.

Ce fut pour Sabine une blessure. Au moins qu’on lui laissât le passé, son passé misérable.

Elle répondit trop vivement :

— Et puis, si cela a été un peu, c’est sans importance ; il ne te connaissait presque pas dans ce temps-là…

Marie eut de l’étonnement dans ses yeux tranquilles. Elle avait senti l’hostilité du ton, mais elle avait l’habitude de ne rien juger de Sabine.

D’ailleurs les complications lui échappaient.

Jérôme l’aimait, donc il n’en aimait pas une autre ; et l’idée qu’elle avait de sa belle-sœur, idée haute, déférente et passionnée, faisait qu’elle ne supposait jamais qu’on pût, à celle-là, lui enlever quelque chose, qu’on pût l’appauvrir, lui faire tort, lui faire du mal.

Elle ne l’imaginait pas amoureuse. Elle la croyait