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quelque chose sur la table près de la fenêtre ouverte, elle le vit assis sur le rebord de cette fenêtre. Il était là, entre la lumière d’argent de la nuit et toutes les lueurs jaunes des bougies du salon. Sans même y penser, elle s’arrêta un instant, le regarda et elle ne pouvait pas enlever son regard ; lui la regardait naturellement, pas ému.

Un grand sanglot aride était dans son âme à elle ; elle contemplait ce visage où tout la tentait, et ses dents se serraient amèrement ; et elle eut une envie cruelle et douloureuse, une sanguinaire envie de prendre durement contre elle le jeune homme, et de voir de la joie sur ce visage, de la douleur ou de la joie, de la joie épouvantable, mais quelque chose qui fût d’elle…

Cette pensée ne dura qu’un instant ; emplie de honte elle détourna les yeux, et, lasse d’un si rude élan du cœur, elle passa la fin de cette soirée à pleurer secrètement.

Un jour que Marie et Sabine causaient ensemble, et que la jeune fille, résolue à ce mariage que sa mère encourageait, parlait de Jérôme :