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Marie qui était lourde, et qui, bouleversée à la pensée d’une existence changée et de la vie à vivre, se pendait à elle, cachait sa tête, faiblement, comme une petite fille sacrifiée. Les jambes de Sabine étaient toutes couvertes de Marie ; un bout de la jupe de toile violette de la jeune femme dépassait seulement et bordait les pieds minces, un peu écartés dans la pose de l’effort.

Le sifflement et le bruit du train ébranlèrent de mélancolie l’air du soir ; et puis, sur le silence revenu, les grillons, aux clignements de leurs ailes, étendirent leurs nappes de cris.

Sabine, d’un geste répété, traînait sa main sur les cheveux de Marie ; elle lui chuchotait, d’une voix qui baissait et devenait mystérieuse comme la pièce sombre :

— Réfléchis, et puis décide-toi, n’est-ce pas ? je serais si contente… – et elle ajoutait : Sois heureuse !…

Et en ce moment, son cœur s’emplissait de douceur, de pardon infini, de larmes et de sainteté.