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aux autres ; mais, brusquement, pour une expression reconnue sur ce visage, elle retombait à son admiration qui saignait comme une blessure.

Et ce fut longtemps ainsi. Elle faisait des choses hagardes.

Un jour qu’une de ses amies, qui habitait un château voisin du sien, était venue la voir avec son petit garçon de deux ans, et, ayant un mot à écrire, s’était retirée dans la bibliothèque laissant Sabine seule avec l’enfant, elle avait pris doucement contre elle le petit, et elle lui disait dans les cheveux :

— Vous, vous, petit, vous êtes heureux, vous êtes un petit garçon, plus tard vous aimerez des femmes et cela ne doit pas être aussi terrible…

Une autre fois, comme on discutait des passions après le dîner, tous ensemble, Henri de Fontenay même étant là, et que Louis de Rozée, en manière d’interrogation vague, demandait comment, chez les femmes, naissait l’amour, Sabine impatiente et pressée répondit :

— Voilà, on ne pense à rien, on est content, on s’habille le soir, on se met des couronnes de fleurs sur la tête, et des robes de tulle où l’