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l’agonie, ils parlaient ensemble, ces deux hommes dont elle avait été l’amie.

En cet instant où elle touchait le fond obscur de l’abîme, que pouvaient-ils pour elle, l’un et l’autre : l’un ignorant et l’autre hostile ?

Elle regardait le matin autour d’elle ; les mouches vives rayaient d’un bruit fin le silence de l’air ; des fleurs, que la chaleur pressait, montait un parfum fort et chaud ; le soleil tombait comme des grains de blé divin.

Sabine souffrait… Elle se disait que chaque fois que tremblerait sur le jour ébloui le ciel infini de l’été ; que partout où il y aurait de la lumière, de l’air léger, des touffes d’herbes scintillantes, de l’azur serré et coupé aux doigts vifs des feuilles ; partout où il y aurait une place fraîche à l’ombre d’un arbre, une maison naïve et douce avec le secret de sa porte, de ses stores baissés, de son lierre et de ses rosiers ; partout où serait une route avec un horizon de collines violettes, et, auprès de haies vives et de petits talus un chemin de cailloux et de rails où s’engouffre et crie un train passionné, – que partout où seraient toutes