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Elle tourna la tête vers la fenêtre qui était ouverte sur le jardin ; une petite brise chaude semblait répandre, étendre sur les chemins la fine cendre du soir. On voyait très distinctement trois peupliers sur le coteau ; Sabine les regardait, hébétée ; elle se disait qu’ils étaient rapprochés et inégaux, faiblement, comme les trois doigts du milieu de la main, juste comme ces trois doigts-là… Elle pensait : « Tout est dévasté partout, tout est petit et misérable dans la nature : les pauvres arbres avec leurs feuilles qui tremblent et à qui le vent fait peur, et tout ce jardin qui a peur du soir, et qui n’est jamais heureux et qui ne s’amuse jamais… » Elle éprouvait à présent un vide allégeant dans la tête, elle soupira : « Je suis plus calme en ce moment ; depuis combien de temps suis-je plus calme ? » Elle était comme au sortir de ces brusques et brefs sommeils de quelques minutes où le songe semble avoir tenu un plus long espace…

Une hirondelle, rapide et basse, passa, jetant un cri, deux cris, qui entrèrent en Sabine comme une flèche fine et tournante, et l’angoisse à nouveau l’inonda…