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C’était fini… Sa raison abîmée eut ce calme horrible, cette rigidité sereine que la mort donne aux visages. Elle répondit d’une voix simple et claire, d’une voix d’énergie surhumaine qui ne semblait point forcée :

— C’est bien, je vais voir ce qu’on peut faire…

Et puis elle voulut s’en empêcher, ne le put, et demanda faiblement :

— Vous êtes amoureux d’elle ?

Il s’interrogea, répondit sans ardeur :

— Oui… oui… gentiment amoureux.

Sabine se leva, elle n’avait plus rien à lui dire, elle sentait sa pâleur affreuse.

— Maintenant allez-vous-en, fit-elle, – nettement et pressée, comme quelqu’un qui se rappelle une besogne urgente, – si vous saviez ce que j’ai à faire, les lettres à écrire…

Et elle se mit à rire ; quel rire ! de quel clavier cassé de la joie venait ce rire… ____________


Elle resta seule, elle s’assit, elle ne savait plus rien… Elle regardait obstinément un petit paysage japonais dans un cadre de bois noir accroché au mur ; elle remarqua que