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une douleur, et Sabine crut qu’il pleurait.

Alors elle le pressa contre elle d’une terrible tendresse ; et ils restèrent un instant immobiles, comme endormis dans un sommeil violent, jusqu’à ce que, les yeux fermés, Sabine sentit se dénouer l’étreinte du jeune homme ; et sans se regarder, sans se parler, la force morte en eux, ne comprenant rien l’un à l’autre, ils se quittèrent lentement…

Le lendemain, dans la clarté de sa raison revenue, Sabine se rappelait quel élan l’avait portée vers Jérôme. Élan si farouche et d’une ardeur si sombre qu’elle n’en avait pas éprouvé la volupté.

Ce qu’elle avait cherché en cet instant, contre le cœur de cet enfant, c’était le goût de son âme faible et fuyante ; elle n’avait eu, appuyée à lui, que cette idée de l’attacher à elle, de le prendre et de le garder. Elle l’avait aimé d’une mâle et maternelle tendresse, et, à l’âpreté douloureuse de cet effort, elle comprit qu’elle ne connaîtrait point avec lui de certitude et d’apaisement.

— Ah ! qu’on ait pu donner le nom de l’