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à voix basse et rapide, avec une brusque décision, un sentiment de nécessité inexorable, l’ordre de rester au salon et de l’attendre.

La maison étant vide et silencieuse, Sabine rentra dans ce salon où Jérôme l’attendait. On y respirait encore la chaleur passionnée d’une soirée de musique. Les lumières des bougies, battues par le vent venu des fenêtres ouvertes, clignaient et pliaient. Les touffes de roses parfumaient lourdement.

La pendule sonore dispersait le temps, le temps de la nuit, plus mystérieux…

Sabine ne savait plus ce qu’elle voulait dire à Jérôme ; elle avait une sorte de honte et de surprise à être là, avec sa coiffure un peu défaite et descendant sur son cou nu, avec sa robe de dentelles et de soie traînante, où ses pieds se prenaient.

Elle se sentait confuse et misérable. Jérôme était comme elle, nerveux et pâle. Il lui dit en tremblant un peu :

— Sabine, vous devriez aller vous reposer, il est tard, vous partez demain.

Et puis il se passa la main sur le front comme s’il voulait en arracher une pensée pesante,