Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/101

Cette page n’a pas encore été corrigée

lutte silencieuse où il paraissait être le dompteur de lui-même.

L’autre groupe plus à l’écart, dans la fumée de tabac, s’entretenait avec madame d’Aumont qui riait en renversant la tête, l’âme et le visage dénoués.

Sabine, assise seule sur un petit canapé, les deux bras jetés à côté d’elle et se tenant un peu soulevée sur ses mains, écoutait et regardait Jérôme. Enivrée de lui, elle souriait ; mais ce n’était pas un sourire vraiment, c’était une bouche que la douleur déchirait sur les dents…

Jérôme chantait comme les enfants jettent des cris, de toute la force de sa vie, d’une manière qui semblait l’exalter et l’épuiser ; et c’était singulièrement émouvant chez cet être délicat et vif, ce désordre et cette violence dont il semblait qu’il allait mourir.

La nuit avançait. Sabine voyait que tous ses hôtes s’en allaient et que Jérôme se disposait à les suivre.

Henri de Fontenay qui s’était plaint tout le soir d’un aigu mal de tête était parti se coucher.

Alors, comme Sabine reconduisait jusqu’au vestibule madame d’Aumont, elle donna à Jérôme,