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regardant pourtant obscurément en elle ; – oui.

Et il semblait que, ne trouvant pas ce qu’elle cherchait, ayant perdu le souvenir et le désir, il lui apparût qu’elle était vraiment heureuse ainsi.

Les lignes sombres du visage au bord des yeux, et certains mouvements de force vite abattus dans la démarche et dans le geste, témoignaient, chez madame de Fontenay, d’une langueur intruse, irritée, mais pliante.

— Tu sais, Marie, reprit-elle, depuis le mal de la naissance et de la mort de la petite, depuis une fatigue si grande, je ne sais plus très bien où est la joie ; mais je me sens heureuse tout de même, je crois. Le repos, la sécurité, le sentiment d’être gardée et à l’abri, de ne respirer la vie qu’atténuée, qui sont ce dont j’ai désormais et pour toujours besoin, me donnent une satisfaction qui est peut-être le bonheur.

— Cependant, tu es triste quelquefois, Sabine…

— C’est qu’étant maintenant réfléchie et grave, et probablement selon ma vraie nature, j’ai pourtant, par instant, le souvenir d’un être