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I


— Dans l’âpre solitude où tu vis désormais,
Faut-il que jamais plus nul désir ne pénètre ?

— Je suis seule, en effet, et suis digne de l’être.
J’habite la ténèbre où sont ceux que j’aimais.

— Que fais-tu des vivants ?
Que fais-tu des vivants ? — Plutôt que de descendre
À des choix moins parfaits, je préfère les cendres.

— Ne veux-tu plus goûter d’exaltantes saisons ?

— L’instinct est un bonheur que n’est pas la raison.
Pour l’esprit renseigné, comblé, triste et lucide,
Tout est douleur. La mort a des sucs moins acides.

— Pour supporter le jour, ou ne le point haïr,
N’est-il pas de plaisir dont tu veuilles jouir ?