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Ô porte du jardin qui grince sur ses gonds
Et s’écarte en chassant des graviers autour d’elle,
Cependant qu’apparaît, plein de lys et d’ombelles,
Le verger vert, avec son odeur d’estragon.

— La maison ! son vitrail léger comme des bulles
D’eau transparente où joue un vif soleil tremblant.
Le dallage, alterné de marbre noir et blanc,
L’écho et la senteur de bois du vestibule !

Et puis la pièce basse où l’on entrait d’abord,
La terrasse avec deux tonneaux de porcelaine,
Le jardin, son gazon et ses corbeilles pleines
D’une sauge velue et bleue, qui sentait fort.
 
Les chambres ; de naïfs papiers aux murs s’élancent,
Papiers de fleurs, d’oiseaux, de personnages clairs,
Papiers simples et doux, qui répètent leurs airs
Comme une monotone et sensible romance.