Page:Noailles - Derniers vers, 1933.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LISZT


Aventureux, chargé d’âge, toujours brillant,
Récoltant l’univers en gerbes musicales,
Prédicateur qui va succombant et priant,
Il rassemblait l’amour sous ses mains sans égales.

Son chant tumultueux semble élargir la nef
Par les accords dissous et la paix solennelle,
Et puis, soudain, son rêve, alerte, brusque et bref,
Ne veut plus qu’annoncer une autre œuvre éternelle :

Le torrent de Wagner se colorait du sien.
On prenait son génie et son cœur à sa table.
Bon, prodigue, paternel, voici Liszt, l’Ancien,
Que l’on voit résigné, que l’on voit indomptable,
Enivré dans l’alcôve, humble près du retable,

Qu’il soit béni parmi tous les musiciens !