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Tes juvéniles jeux valent les jeux suprêmes,
Un pampre plus parfait forma ton jeune vin.
Beethoven, le lion blessé, soupirait : « J’aime
Ce qui, chez Franz Schubert, est unique et divin ! »

Le soir où tu mourus, dans ton précis délire,
Tu répétais à ceux que le chagrin brisait :
« Je ne suis pas chez moi, menez-moi vers la lyre,
Vers le sommet profond, vers celui que je sais ! »

Ce que tu souhaitais, le destin te l’accorde ;
Beethoven t’a quitté un matin de printemps,
Le monde souterrain vibre comme des cordes,
Dans la froide cellule où son repos t’attend.

Le sort est juste enfin, ton âme est satisfaite,
Beethoven t’attendait, ton corps est près du sien,
Et les dieux ténébreux président à la fête
Qu’est le rapprochement des grands musiciens !