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Vous franchissiez les eaux, vous traversiez l’espace,
Et, ne pouvant trahir vos fermes volontés,
Vous poursuiviez l’exploit que rien d’humain ne passe,
Pénétrant les hivers, absorbant les étés.

Sans vous désaltérer, sans vous nourrir, sans somme,
Supportant le trop froid, le trop chaud, le trop sec,
Vous avez élevé la qualité d’être homme
Au delà du grand vœu que formulaient les Grecs !

L’univers, étonné, vous loue et vous exalte,
Des peuples ont, sur vous, touché l’honneur français,
Quand, avec l’infini céleste, à chaque halte,
L’éclat du sol natal dans vos yeux paraissait !

L’on songe, en ne pouvant interrompre ce rêve,
À votre solitude immense dans l’éther,
Et, tandis que l’Oiseau s’abaisse ou se relève,
On sait que, clair bijou qui vient décorer l’air,

La cocarde joyeuse aux trois couleurs vivaces,
Secrète Marseillaise unie à vos destins,
Donne un sens plus profond, plus grave et plus sagace,
À la fierté bretonne, à l’orgueil girondin !