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LES ÎLES BIENHEUREUSES


I

Onde, ciel frais glissant avec de claires ailes
Dans les prés, et portant de chantantes nouvelles,
Sans vous le paysage a ses yeux las et clos !
Les cœurs, comme la soif, ont le désir de l’eau.
Toute chose qui plaît a sa source légère :
Le branchage et les fleurs sont de sucre humectés,
Les fruits laissent filtrer un parfum qui suggère
Le suave torrent dans leur chair arrêté.
La ceinture des flots rend les îles divines,
Et, dans la plus obscure et morose cité,
L’esprit est réjoui dès l’instant qu’il devine
Le chant de la fontaine, au jet précipité…