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LES JOURS ONT FUI…


Les jours ont fui. Qu’est-ce qui peut changer ?
Vos os toujours sont au sol mélangés.
Le temps sur moi, d’un pas régulier,
Meurtrit un cœur à tout mésallié.
Je hais en vous, espace aérien,
L’été si dur à qui n’espère rien !
Partout où l’homme a placé l’infini,
Je n’aperçois que de basses cloisons.
La verte branche où va mûrir le nid
Sera rompue en la froide saison.
Le sort sanglant accable et désunit
Ce que nouaient l’amour et la raison.
— Et sous le ciel où tout est bref et vain,
Je fus cet œil, plein d’un songe divin !