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CONTEMPLATION


Je regarde les cieux : un fracas de lumière
Émane du soleil, sa turbulente essence
Dans l’azur infini joyeusement élance
Le séculaire appel et la force première.
Et puis l’ombre survient. La nocturne pâleur
Autant que l’or du jour intrigue le regard ;
On voit errer au ciel l’inflexible hasard
Dans la pulsation des étoiles en pleurs.
Nul amour, nul secours, nulle miséricorde
De l’abîme d’en haut sur l’homme ne s’abaisse.
L’effrayant univers l’ignore et le déborde.
Vanité de l’espoir ! ô stoïque paresse !
Vous envahissez l’être et vous rendez oisif
L’esprit toujours trahi par l’espace insensé.
— Et c’est l’étonnement d’un front contemplatif
Qu’on puisse écrire encore après avoir pensé !