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— Et j’erre ce matin dans l’enclos romanesque
Où le bocage étend sa verdoyante fresque,
(Qui, pareille à l’églogue, a des gestes penchants),
Sur l’horizon houleux que vos yeux contemplèrent.
— Beau visage busqué, mon cœur eût su vous plaire
Par l’âpreté rêveuse et triste de mon chant !
J’ai, sans trouver les mots, qu’un seul de vous dépasse,
Tendu l’oreille au calme effrayant de l’espace.
J’ai tout interpellé, j’ai porté tous les faix.
Je connais l’infini du songe insatisfait.
Même avant le tombeau, mon front gît où vous êtes.
J’entends l’éboulement du sable sur la tête,
Et ce sombre « à jamais » niant les paradis !
Tous les doutes poignants, votre voix les a dits.
Et cependant, un Dieu de vos sanglots découle ;
Votre âpre solitude a rejoint une foule.
Vous avez abaissé, sous les cieux ennemis,
La fierté des corps vifs et des corps endormis.
Je reste un vaisseau droit qui domine la houle !…
Midi vient tout à coup, comme un éclatement,
Teinter d’un clair argent le tiède firmament
Où sommeille la pluie.

Où sommeille la pluie.Un pigeon qui roucoule,