Page:Noailles - Derniers vers, 1933.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CELUI QUI MEURT PEUT TOUT…


Celui qui meurt peut tout enseigner aux vivants.
Immobile, jamais remué par le vent,
Installé dans sa case, accoté à son plâtre,
Il ne voit plus passer ses amis idolâtres,
Et, le regard perdu sous un rêve couvert,
Il contemple le mal rongeant son univers.

Il avait tout prévu dans sa raison agile ;
Il savait que le sort n’accorde aucun égard
À l’homme, tout paré de noblesses fragiles,
Dont il blesse le cœur ou l’émail du regard.

Comparant l’étroitesse aux choses infinies,
Il songe à sa naissance où commençaient ses maux
Et déguste l’horreur des longues agonies
En tenant d’un doigt sûr l’effrayant chalumeau.