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le maréchal de guébriant

peu régulière… devint un modèle de vertu[1]… ». On réservait le même sort à la princesse Anne, qui n’en avait pas le goût, malgré sa dévotion ; mais, dit encore Bossuet, « il eût fallu la conduire et non pas la précipiter dans le bien… ». Les échos de cette vie joyeuse que menait la princesse Marie et des prévenances dont elle était l’objet franchissaient les murs du cloître, apportant un singulier contraste avec cette austérité qu’on imposait, malgré sa volonté, malgré son instinctive répugnance, à la princesse Anne, et provoquèrent en elle des révoltes puis l’horreur de la vie monastique. Le séjour de Faremoutiers lui devint insupportable ; elle obtint d’habiter Avenay — abbaye pour abbaye — mais au moins dans celle-ci, elle se trouverait en contact perpétuel avec la jeune abbesse Bénédicte, et acquerrait peut-être, à l’exemple de cette angélique sœur, les vertus qu’exigeait l’existence à laquelle on la destinait. Cependant les mois succédaient aux mois, et nul changement de ce genre ne s’opérait en elle.


Belle et dans tout l’éclat de la jeunesse, Marie de Gonzague fixait l’attention des hommes et obtenait une célébrité de jour en jour grandissante. Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII, en devint éperdûment amoureux, et prit sur elle une influence très considérable, au point même de l’empêcher de se rendre à Mantoue, comme l’exigeait son père. La reine Marie de Médicis craignant de voir son fils l’épouser, fit enfermer la princesse au donjon de Vincennes[2]. Pour ce qui est

  1. Avenay, à quelques lieues de Reims.
  2. La Reine n’avait pas été toujours hostile à l’idée d’un mariage entre Gaston d’Orléans et Marie de Gonzague.

    Dans le Journal de ma vie, le maréchal de Bassompierre raconte que Marie de Médicis dit à Gaston d’Orléans, qu’elle voulait remarier (juillet 1627) : « Nous comptions tantost, Bassompierre et moy, les princesses qui sont maintenant en estat de se marier, tant en France qu’en dehors ; nous n’en trouvions que trois en France : Mlle de Nevers, qui est, à mon avis, bien belle et bien jolie, mais, je craindrais que ces drogues que luy a données Semini (un empirique) pour la guérir de sa grande maladie, n’empeschassent qu’elle n’eut des enfants, et l’on me la fait appréhender… »