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le maréchal de guébriant

II

ambassade en Pologne (1645 et 1646)


1re  Partie.
La princesse Marie de Gonzague et ses sœurs.


À peine veuf de l’archiduchesse Cécile-Renée d’Autriche, fille de l’empereur Ferdinand II, morte en 1644, le roi de Pologne, Wladislas IV, songeait à contracter un nouveau mariage. La Pologne, alors nation guerrière et puissante, jouissait du privilège de faire pencher la balance soit du côté de la Suède, soit du côté de l’Empire, suivant qu’elle apporterait à l’une ou à l’autre le concours de ses armes. Mazarin qui s’efforçait, au milieu des embarras politiques de l’Europe, de nous créer des relations solides avec les diverses puissances, même lointaines, eut l’idée, pour faire sortir les Polonais de la neutralité, de marier une Française, capable de resserrer les liens des deux nations, à Wladislas, prince valeureux, âgé de 49 ans, mais atteint d’infirmités qui le vieillissaient prématurément. On essaya donc d’amener ce monarque, « par une diplomatie savante », à chercher femme en France ; l’idée lui sourit : bientôt même, au commencement de 1645, il déclarait ne vouloir se marier « que de la main de la reine très chrétienne ».

Certaines Cours étrangères, en apprenant les dispositions matrimoniales du roi, firent des tentatives pour diriger ses vues de leur côté. Les influences autrichiennes faillirent un moment prévaloir : la Courounne de Vienne offrait différentes princesses allemandes. La reine Christine de Suède fut également mise sur les rangs, mais le projet n’eut pas de suite. Anne d’Autriche et Mazarin cherchèrent donc activement la personne de haute marque qui serait apte, par son âge,