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le maréchal de guébriant

les quatre neveux et nièces déjà cités — que M. du Plessis-au-Noir et ses enfants en religion, que M. de Blanchelande et sa fille, Sainte Budes, marquise de Courvaudon. Femme intelligente et spirituelle, assez friande d’anecdotes scabreuses, Sainte Budes, après avoir fait casser sa première union avec Claude du Chastel, marquis de Mesle, sous prétexte d’impuissance de mari, avait épousé Charles d’Anzeray, marquis de Courvaudon, conseiller au Parlement de Rouen, dont elle n’eut pas d’enfants. À la mort de Courvaudon et âgée de 80 ans, elle contracta un troisième mariage avec le marquis de la Sestière. Peu après, déclarée folle, on la pourvut d’un curateur. Habitant à Rouen, elle s’était occupée longtemps des enfants du baron de Sacey, car le maréchal toujours en campagne, ne pouvait exercer que de loin une autorité quelconque sur les orphelins laissés par son frère. La maréchale, du vivant de son mari, s’était également attachée à ses deux nièces, Anne et Renée, mais à différents degrés. Pour Anne (Mlle de Guébriant), l’aînée, dont nous parlerons plus tard, beaucoup plus sympathique que sa sœur, elle avait une grande prédilection.

Renée (Mlle de Sacey), s’il faut en croire les sources que nous consultons[1], était une femme extravagante et d’un caractère difficile ; toujours à court d’argent, elle en cherchait partout, en dépensait trop, était sans cesse engagée dans des procès ; elle se ruina et en ruina d’autres autour d’elle. Moins attirée par la maréchale que sa sœur aînée, elle vivait presque toujours chez la marquise de Courvaudon, à qui manquaient les moyens de diriger une nature aussi récalcitrante à toute impulsion. Sans être belle, Renée avait grand air et se montrait hautaine. Elle eut des aventures ; les intrigues matrimoniales dans lesquelles elle se jeta méritent d’être racontées.

Très peu surveillée, une jeune personne indépendante et ardente à ce point devait se laisser courtiser. Un parent de son oncle, l’abbé de Courvaudon, titu-

  1. Archives Guébriant.