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la maréchale de guébriant durant son veuvage

quêts et conquêts au profit du survivant ; mais les proches parents du défunt, MM. du Plessis-au-Noir et de Blanchelande, ses propres oncles, Claude Budes, seigneur du Rufflay, prieur de Saint-James, son cousin, s’élevèrent alors contre les prétentions légitimes de la maréchale. Ils prétextèrent, qu’en fait de donation, la coutume de Paris différait de celles du comté de Périgord et de la vicomte de Limoges, dont M. de Guébriant était gouverneur, et de celle du duché de Bretagne, son pays d’origine, où de pareilles dispositions étaient interdites. Ils contestèrent même la participation de la veuve à 100 000 livres données au maréchal par le Roi, et au produit de la rançon des généraux de Lamboy, de Mercy et de Lodron accordée au maréchal et recouvrée à grand’peine par Mme de Guébriant elle-même — vilains procédés à l’adresse d’une femme que l’on supposait sans moyens de défense ! Elle possédait, au contraire, avec le bon droit, l’énergie nécessaire pour cette lutte. Il lui fallut se pourvoir contre les prétentions des parents proches de son mari et les traiter en opiniâtres adversaires. Et cependant la maréchale ne s’était-elle pas donné la tâche de veiller aussi aux intérêts des neveux et nièces qui lui avaient été recommandés, mais dont elle n’avait pas la charge, et de faire face, le cercueil du comte de Guébriant à peine fermé, à des obligations pressantes, dont le paiement s’imposait à bref délai[1] ? La procédure durait encore en 1645, lorsqu’elle fut envoyée comme ambassadrice en Pologne.

Frères et sœurs du comte de Guébriant étaient alors décédés. De la branche du Hirel, il ne restait — outre

  1. Par exemple : La conduite du corps du maréchal, 12 926 livres ; à M. de Charlevoye, pour paiement de dettes contractées en Allemagne, 5 690 livres ; gages restés dus aux domestiques du maréchal, à sa mort, 21 660 livres ; dépenses faites depuis le décès, 5 945 livres ; deuil fourni aux officiers de la maison et aux domestiques du maréchal, 3 340 livres ; à des créanciers de Paris, 21 814 livres (Arch. du comte de Guébriant). On essaya de payer ces dettes criardes avec les produits de la vente de l’équipage du maréchal. Une partie de cet équipage, vendue en Allemagne, rapporta 4 540 livres ; une autre, vendue en France, rapporta 10 788 livres. (Arch. du comte de Guébriant.)