Page:Noa noa - 1901.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
NOA NOA

enveloppait mollement de ses lueurs légères le front rude du mont, je me rappelai la fameuse légende :

Paraü Him Téfatou (Hina disait à Téfatou)…

la légende très ancienne que les jeunes filles récitent volontiers, le soir, à la veillée, et à laquelle pour théâtre elles assignent le lieu même ou j’étais.

Et je crus voir :

Une tête puissante d’homme divin, la tête du héros à qui la Nature a conféré l’orgueil conscient de toutes ses forces, un glorieux visage de géant, brisent les dernières lignes de l’horizon, et comme au seuil du monde ; une femme caressante et faible saisit doucement le Dieu aux cheveux et lui parle :

— Faites revivre l’homme quand il sera mort…

Et les lèvres courroucées, mais non cruelles, du Dieu vont s’ouvrir pour répondre :

— L’homme mourra.