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IV

Le conteur parle

Mes voisins sont devenus pour moi des amis. Je m’habille, je mange comme eux. Quand je ne travaille pas, je partage leur vie d’indolence et de joie, traversée de brusques passages de gravité.

Le soir, au pied des buissons touffus que domine la tête échevelée des cocotiers, on se réunit par groupes où se mêlent les hommes et les femmes, les vieillards et les enfants. Les uns sont de Tahiti, les autres, des Tongas, d’autres encore, des Marquises. Les tons mats de leurs corps font une belle harmonie avec le velours des feuillages, et de leurs poitrines cuivrées sortent de vibrantes mélodies qui s’atténuent en s’y heurtant aux troncs rugueux des cocotiers. Ce sont les chants tahitiens, les iménés.