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À voir, pourtant, la persistante beauté physique de la race, je ne pouvais me persuader qu’elle n’eût rien, nulle part, sauvegardé de sa grandeur antique, de ses mœurs personnelles et naturelles, de ses croyances, de ses légendes. Mais, les traces de ce passé, s’il a laissé des traces, comment les découvrir, tout seul ? les reconnaître, sans indication ! Ranimer le feu

dont les cendres mêmes sont dispersées ?

Si fort que je sois abattu, je n’ai pas coutume de quitter la

partie sans avoir tout tenté, et « l’impossible ». pour vaincre.

Ma résolution bientôt fut prise : je partirais de Papeeté, je m’éloignerais du centre européen. Je pressentais (m’en vivant tout à fait de la vie des naturels, avec eux, dans la brousse, je parviendrais, à force de patience,

à capter la confiance des Maories — et que je Saurais.

Et, un matin, je m’en allai, dans la voiture qu’un officier avait gracieusement mise à ma disposition, à la recherche de

« ma case ».

Ma vahiné m’accompagnait : Titi elle se nommait. Sang

mêlé d’anglais et de tahitien, elle parlait un peu le français. Elle avait mis, pour cette promenade, sa plus belle robe ; le tiaré à l’oreille, son chapeau, en fils de canne, orné, au dessus du ruban, de fleurs en paille et d’une garniture de coquillages