Page:Noa noa - 1901.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
NOA NOA

Vint le crime et vint la peine.

                                  Ceux qu’on oublie,
Les Dieux se sont venges sur ta gloire, abolie,
Race défaite, race réduite et captive,
Et tu ne mires sur l’enchantement des rives
Que indolence d’un sourire nostalgique
Ou le ressouvenir de ta grandeur tragique,
Écrit en traits d’inaltérable orgueil, demeure.

Qu’attends-tu, sachant la fatalité de l’heure
Et que les Dieux trahis ignorent l’indulgence ?

Ah ! reconquiers ton vieil honneur dans leur vengeance !
Hors du temps lâche qui lentement te décime,
Bondis jusque vers l’éternité de la Cime
Qui tonne encore comme en la nuit de l’antique
Désespoir, et plus haut que le flux méphitique
De l’injure, de esclavage, de la honte,
Retourne à tes Dieux, race expirante : remonte !